De Beyrouth, capitale blessée,
Une prière vers le Ciel,
Quelle que soit la langue dans laquelle on Le prie,
Quel que soit le nom par lequel on L’invoque,
Que Son regard,
Qui embrasse l’univers et toutes les créatures,
Se fixe un peu sur nous.
Depuis trop longtemps nous expions
Les fautes de l’humanité entière,
En plus de nos propres égarements.
Depuis trop longtemps, chaque malheur,
Avant de se propager dans le monde,
Commence par s’acharner sur nous.
De cette ville tant de fois détruite,
Reconstruite, puis détruite à nouveau,
De ce rivage où, selon les légendes,
Un homme libre a su jadis terrasser le dragon,
Une prière vers le Ciel.
Pour que le Liban puisse,
Cette fois encore, se remettre debout,
Et relever ses murs, et panser ses blessures.
Qu’il sache surmonter sa détresse,
Sa douleur et son abattement.
Qu’il sache triompher
De la férocité du monde,
Et aussi de ses propres démons.
De notre havre millénaire devenu, soudain,
Un monument à la folie des hommes
Et le temple de leur colère,
Une prière vers le Ciel.